Témoignages |
Stanislas FUMET, philosophe et critique d’art
Une offensive contre le non-art. C’est ainsi que je pourrais dénommer
l’ensemble des dessins exposés, tous d’élèves
de Roger Plin, qui présente au public le fruit de son enseignement.
Toute de suite nous voyons que les uns et les autres, et de divers âges,
se montrent soucieux de ce qui fait l’essentiel de la création
artistique : le dessin, pour le peintre, pour le graveur, pour le sculpteur.
Il est la bête noire des ignorants, des faussaires, des menteurs. Il est,
je veux dire, cette sensibilité, ce respect des forces vivantes, cette
noblesse de l’esprit, ce goût du merveilleux qui étonne la
vérité et qui la réjouit. Roger Plin sait tout cela. Il
se garde bien de proposer à ses élèves d’autre recherche.
Dans cet univers, chacun doit trouver au fond de soi-même son propre espace
et ce besoin de la composition qui est le secret d’une architecture intérieure.
J’avais senti, en regardant la centaine de spécimens choisis avec
lui, qu’il en avait aidé les auteurs à s’exprimer
librement pour les amener à ce que chacun avait de mieux à faire.
Leur professeur est sculpteur, graveur, et avant tout, dessinateur. Il n’impose
nullement aux autres de l’imiter. Chacun est appelé à découvrir
ce qu’il aime. C’est ainsi qu’il ne craint pas, en son temps,
de rêver d’un Rembrandt, d’un Michel-Ange, d’un Delacroix,
d’un Callot, d’un Rodin, d’un Seurat. Eux aussi avaient eu
des maîtres. On l’oublie trop. Disons qu’il y a toujours,
pour un futur classique qui vous attend dans l’histoire, une place inoccupée
jusqu’ici...
1979